Atelier Capitale romaine avec John Stevens
Article écrit par Yolande Lessard
John Stevens est un calligraphe reconnu internationalement qui a débuté sa carrière comme lettreur. Il possède une très grande dextérité entre autres pour la manipulation du pinceau plat. Je reste admirative devant la qualité de son travail et son style épuré. Il est l’un des mes calligraphes préférés.
L’atelier Capitale romaine, organisé par La société des calligraphes de Montréal, s’échelonnait sur cinq semaines à raison de deux heures par session Zoom. Un groupe Facebook privé a été créé afin de faciliter les échanges et nous amener un peu plus loin dans notre processus d’apprentissage. Chaque participant pouvait déposer ses exercices sur le site et recevoir les commentaires de John sur les travaux réalisés durant la semaine. Merci à Erin Neilson pour la gestion des séances Zoom.
Notre apprentissage a débuté avec la Neuland tracée au pinceau plat, une écriture aux traits gras, sans sérif, souvent utilisée avec un interligne minimal afin de créer une texture bien dense. Puis nous avons pratiqué les lettres moulées (block letters), sans sérif, tracées avec un pinceau plat plus étroit. Nous avons étudié également la monoligne avec le crayon plomb, une écriture aux traits uniformes, dont les formes et les proportions des lettres sont à la base des capitales romaines. Nous avons écrit un long texte monoligne, avec un marqueur à pointe fine afin de nous familiariser avec l’espace entre les lettres, entre les mots, entre les lignes de textes et apprendre à éviter les rivières !
Vers la troisième rencontre, nous sommes fin-prêts à entrer dans le vif du sujet la capitale romaine, utilisée dès le 1er siècle av. J.C. sous forme d’inscription lapidaire. L’un des plus beaux exemples de cet alphabet classique se trouve à la base de la colonne Trajane. Cette élégante écriture, exécutée avec un pinceau plat d’un demi pouce de largeur, possède des sérifs, des pleins et des déliés. Nous avons débuté les exercices en traçant des lettres de grand module (cinq pouces de hauteur), une méthode utilisée pour acquérir la mémoire musculaire. Il est indispensable d’utiliser un pinceau plat de bonne qualité afin de produire un tracé bien net pour exécuter les capitales romaines. La plupart des traits de la romaine sont tirés, la construction des lettres se fait en variant l’angle, la pression, l’épaisseur du trait, le rythme et la manipulation du pinceau. Cela semble si facile à exécuter lorsqu’on regarde John tracer une lettre… mais il ne faut pas s’y méprendre, ce ne l’est pas du tout ! Cela nécessite d’abord une étude de la forme des lettres, une connaissance des proportions et plusieurs heures de pratique. Un cahier (Capitals | John Stevens), des vidéos sur la préparation du pinceau plat ainsi que l’exécution de chacun des traits des capitales romaines ont été réalisés par John, ce qui nous a grandement facilité l’apprentissage.
John a beaucoup d’expérience dans les domaines de l'édition (magazines, livres), l'emballage, la publicité, la télévision et le cinéma. Il aime parler d’esthétisme et de design, un aspect important du travail d’un calligraphe. Il nous invite à créer le titre d’un livre. Il explique la règle : l’ensemble doit faire un tout (lock-up). Il souligne l’importance de la relation entre les éléments du design, la diversité dans l’unité, l’équilibre entre la forme et la contre forme.
Vers la quatrième semaine, John nous a amené vers l’étude d’une écriture plus informelle, une variante de la romaine. Cette partie, trop courte à mon avis, pourrait faire l’objet probablement d’un autre atelier. John a abordé le rythme, la fluidité, le mouvement, la capacité d’exprimer l’esprit d’un texte à travers notre calligraphie. Nous avons exploré quelques approches alternatives, combinant l’écriture, le dessin et l’utilisation d’autres outils tels que la plume biseautée, la plume pointue, le pinceau pointu, le pinceau à poil long.
J’aimerais remercier John Stevens d’avoir partagé ses connaissances et son expérience avec nous. Vous êtes un enseignant qui inspire ses élèves et les propulse vers d’autres avenues calligraphiques.