En lumière: Sr Noëlla Doyon

Sr Noëlla Doyon, calligraphe et centenaire!

Par Claire Bourassa – Photos : Diane St-Antoine

Sr Noëlla tenant une photo d’elle de 1994, alors qu’elle travaillait comme bibliothécaire à l’école secondaire St-Joseph. L’année suivante, elle commencera ses cours de calligraphie.

L’automne dernier, je réponds à l’appel de notre président Mathieu Doucette afin de faire parvenir une carte calligraphiée à notre membre centenaire, Sr Noëlla Doyon. Celle-ci m’invite à venir la visiter à la résidence Les Jardins d’Aurélie à St-Hyacinthe, pour religieuses de sa communauté, les Sœurs de Saint-Joseph, et celles du Précieux-Sang. Dès le premier contact en février, je réalise que je suis en présence d’une centenaire exceptionnelle! Sr Noëlla est une femme toute menue qui se déplace d’un bon pas avec une simple canne! Elle a l’œil vif et est dotée d’une élocution rapide et d’un grand sens de l’humour!

« Moi, la calligraphie, ça m’aide à vivre! »

Son intérêt pour la calligraphie a toujours été présent dans sa vie, notamment comme enseignante où elle fignole ses textes au tableau.

 « À l’école, il fallait faire des beaux tableaux, écrire des belles phrases garnies de fleurs avec une pensée d’auteur. On filait avec ça quatre à cinq mois, puis à Noël on changeait ça. Je disais toujours qu’à chaque fois que j’entrais dans la classe, je regardais le tableau! J’avais une collègue enseignante à Granby qui fut un modèle pour moi. C’est ainsi que je me suis rendue à l’italique en inclinant mon écriture et ça a été ma meilleure! »

La rencontre déterminante de Yannick Durand

À l’automne 1995, âgée de 74 ans, avec plus de 35 années actives comme enseignante et 18 comme bibliothécaire, Sr Noëlla est enfin en congé sabbatique et prête à relever un nouveau défi.

« Lors d’une activité au YMCA, j’entends parler du travail de Yannick Durand. La journée même, je prends rendez-vous avec elle à la boutique l’Essence du papier, sur la rue St-Denis à Montréal, où elle travaille. »

Sr Noëlla débute rapidement ses cours avec Yannick au centre Saidye-Bronfman, puis fréquente son atelier Calligrafia sur le boulevard St-Laurent.

« Une vraie Française! Pour chaque lettre, elle corrigeait nos écritures et parfois elle nous octroyait une étoile dessinée de sa main! C’est Yannick qui m’a initiée à la calligraphie. C’est elle qui m’a emballée le plus en m’encourageant. Elle n’était pas tenue à répéter, je le sais comme ancienne enseignante. Certains professeurs répètent, mais pas Yannick! On sentait qu’on avançait avec elle, mais il fallait pratiquer! »

Lors de ses débuts en calligraphie, Sr Noëlla vit des moments plus difficiles.

« Un soir j’arrive à la résidence un peu découragée. Je trouvais que cela me prenait pas mal de temps. J’ai eu un blocage! Mais je suis retournée au cours de Yannick et je lui ai demandé de me montrer les lettres avec lesquelles j’avais plus de difficultés, celles qui sont plus allongées, pour être capable de les mémoriser. C’est énorme comment j’en ai fait par la suite! »

Cette belle relation maître-élève dure 10 ans et prend fin au décès de Yannick en janvier 2006. Dans le numéro spécial automne-hiver 2006 de L’Arabesque consacré à cette grande calligraphe, Sr Noëlla lui rend hommage : « Yannick, une experte de la plume… Tous ses travaux m’émerveillaient… Merci à Dieu d’avoir eu la chance de la connaître sur la route de ma vie. (…) J’espère que son Dieu du ciel la comblera. Adieu à ma chère amie de la calligraphie.»

Poursuite de la calligraphie et exploration d’autres styles d’écriture

Après le départ de Yannick, Sr Noëlla poursuit son apprentissage de la calligraphie. À Longueuil, elle rencontre les calligraphes Roger Beaudouin et Nicole Morin, une ancienne élève de Yannick.

« Elle (Nicole) m’a dit d’aller voir M. Beaudoin. Il va te préparer une belle plume de canard! Nicole m’a aussi enseigné, mais c’était une écriture droite et ça ne me rejoignait pas! Elle m’a aidée pour réaliser un paysage avec de la calligraphie. »

Elle suit aussi des cours pour enjoliver son Italique, notamment les majuscules, entre-autres avec Luc Saucier et Gilles Champagne. Un peu plus tard, elle s’inscrit à un cours d’enluminure avec Brigitte Papineau.

« J’ai fait la lettre E, mais j’ai trouvé cela trop long. Je ne suis pas assez patiente avec la dorure qui colle puis qui décolle. »

Pour Sr Noëlla qui pratique l’Italique, c’est tout naturel d’explorer l’écriture anglaise.

« Joy Deneen m’a donné des cours d’anglaise. Je voulais l’apprendre car je l’avais travaillée tout au long de mes années d’enseignement avec les lettres attachées. Mais je n’ai pas réussi mes majuscules! »

Participation aux expositions de la Société

De 2005 à 2010, Sr Noëlla participe à plusieurs expositions de la Société. Afin d’illustrer cette période active, elle nous montre un petit album de photos en s’exclamant : « C’était l’fun! J’ai essayé des affaires! »

Elle est particulièrement fière de son œuvre en 2011, dans le cadre de l’exposition : Dialogue urbain. Elle écrit une phrase qui témoigne de sa grande ouverture face à l’Autre : Maintenir la qualité de dialogue à Montréal fait preuve d’une grande fraternité. Au niveau visuel, elle intègre pour la première fois de la cartographie à sa calligraphie.

Calligraphe dans sa communauté

Pendant plusieurs années, Sr Noëlla est une calligraphe active comme dans sa communauté religieuse, notamment en adressant de nombreuses enveloppes. Lors d’anniversaires des religieuses, elle prépare un tableau hommage sur un fond blanc, avec des feutres.

« C’était glissant! Je mettais quelques fleurs en bas, parfois même des fleurs artificielles! Les sœurs m’en parlent encore car elles aimaient mes tableaux! »

En 2015, dernière année de sa pratique active, elle conçoit des panneaux avec les noms des religieuses jubilaires lors d’anniversaires, tels que des soixantièmes, des cinquantièmes.

« J’ai tout écrit les noms sur un grand carton. Maintenant, tout est informatisé! »

Hassan Massoudy, son dernier coup de cœur!

Au moment de la quitter, elle nous confie son coup de cœur pour le calligraphe irakien Hassan Massoudy, établi en France depuis 1969. Elle l’a connu lors de ses nombreuses lectures sur la calligraphie et conserve une photo de l’artiste au travail.

Elle veut aussi donner ce conseil aux calligraphes débutants : « Continuez d’être tenaces! Si tu n’aimes pas ça, lâche ça! Si tu aimes ça, il faut travailler pour que cela soit présentable et que tu aies une certaine reconnaissance. »

Au revoir Sr Noëlla! Merci pour votre joie de vivre, votre amour de la calligraphie et cette belle rencontre!

Sr Noëlla en quelques dates

1919 Le 5 décembre, naissance à St-Guillaume, village à proximité de Drummondville.
Elle est la deuxième d’une famille de 11 enfants, 5 filles et 6 garçons. Sa sœur Jeannine, qui est sa cadette de 10 ans, fait partie de la même congrégation religieuse.

1934 – 1937 Pensionnat de St-Hyacinthe, Sœurs de Saint-Joseph

1937 – 1939 Enseignante dans le village de St-Guillaume

1939 Voyage estival à Albany, état de New York

1939 – 1943 Entrée dans la communauté des Sœurs de Saint-Joseph et noviciat

1943 – 1975 Enseignante en Montérégie et dans les Cantons-de-l’Est

1975 – 1977  Formation en bibliotechnique aux collèges Ste-Thérèse de Blainville et
de Maisonneuve à Montréal

1977 – 2002 Bibliothécaire à l’école secondaire St-Joseph, St-Hyacinthe

1978 Voyage en Israël à la suite d’un certificat en théologie à l’Université de Sherbrooke

1991 Voyage en France, cadeau communautaire pour son jubilé (50 ans) de profession religieuse

1994 Bachelière ès Sciences (B.Sc) Université de Montréal

1995 Année sabbatique à Montréal et découverte de la calligraphie avec Yannick Durand.

 Adhésion à la Société des calligraphes de Montréal

2002 – 2015 Bibliothécaire à la Résidence Notre-Dame, St-Hyacinthe

2005 – 2010 Participation aux expositions annuelles de la Société

2015 Fin de la pratique de la calligraphie. Sr Noëlla poursuit son adhésion à la Société car son intérêt pour la calligraphie demeure aussi présent et elle est très attachée envers la Société et ses activés!

2019 Le 5 décembre : 100e anniversaire!

En lumière: Luc Saucier

L’an dernier fut souligné le 30e anniversaire de l’Autorité héraldique du Canada, fondée le 4 juin 1988 par Jeanne Sauvé au sein du Bureau du secrétaire du gouverneur général.  Luc Saucier, membre de la Société des calligraphes, est associé à cette institution depuis 2005.

1) Qu’est-ce que l’Autorité héraldique du Canada?

À partir du XIIe siècle, en Europe, les chevaliers adoptèrent la pratique de décorer leurs boucliers pour se faire reconnaître lorsqu’ils étaient revêtus de leur armure. Ces armoiries primitives, quoique souvent très simples, identifiaient clairement la personne. Avec le temps, les monarques assumèrent le contrôle de la concession et de l’utilisation officielle d’armoiries, ce qui leur permettait de rendre hommage à des personnes et à des groupes. Les armoiries vinrent ainsi à être perçues comme des marques d’honneur décernées par un souverain usant de sa prérogative. Les hérauts d’armes – des officiers de la cour qui jouaient également le rôle de diplomates – étaient chargés de recenser les sujets de leur souverain et d’enregistrer les armoiries à cette fin.

Continuer la lecture de « En lumière: Luc Saucier »

Congrès Seattletters 2018 par Elyse Viotto

Texte original calligraphié par Elyse Viotto

Le 15 juillet, je suis partie pour Bellingham afin de participer à mon deuxième congrès international de calligraphie, Seattletters. J’ai été charmée par le campus universitaire avec vue sur la baie, et ses magnifiques couchers de soleil. J’ai retrouvé mes “calligrafriends” de l’an passé (Letterworks 2017), et fait plein de nouvelles rencontres.

Le campus de l'université de Western Washington à Bellingham
Le campus de l’université de Western Washington à Bellingham

J’avais marqué comme premier choix la classe de maître de calligraphie anglaise enseignée par Pat Blair, calligraphe officielle à la Maison Blanche. J’avais entendu énormément de bons commentaires des élèves qui avaient pris son cours l’an passé. Comme l’Anglaise est mon écriture préférée, j’avais envie d’apprendre la technique propre à Pat Blair, et de mieux comprendre ses subtilités.

Continuer la lecture de « Congrès Seattletters 2018 par Elyse Viotto »